Alyson Belfield - just a little thunder ~

En général, il est dit qu'il ne faut pas se fier aux apparences pour connaître une personne et la juger. Il est dit n'implique pas une obligation, on est libre de décider comment on veut voir une personne et, parfois, il s'avère que la première impression est véridique.
Pour Aly, quand on la voit, on peut directement penser à une personne calme et douce, qui ne serait pas tellement du genre à s'agiter énormément, à préférer la délicatesse et, peut-être, un certain rafinement. Ou alors, un soucis du détail. Toutes ces hypothèses sont surement vraies, mais on peut en avoir encore plus.
Son soucis du détail est un trait acquis naturellement avec sa passion pour le dessin. Entre l'art délicat du papier sur une feuille et la musique, sa personnalité s'est quelque peu épanouie, avec un certain havre de paix. La patience acquise, et une bonne capacité d'observation, sont d'autres traits obtenus.
Cependant, le fait d'aimer la musique n'implique pas d'aimer le bruit et l'agitation constante. Chez elle, au contraire, ces deux choses sont peu appréciables. Une ville énergique est un enfer par exemple, et son esprit est vite débordé par le tumulte incessant du bruit.

On pourrait aussi la qualifier d'énergique, si l'on considère le fait qu'elle s'épuise à grand peine. Mais malgré cette énergie, elle reste plutôt réservée ; calme et introvertie, le dialogue n'est peut-être pas son fort mais elle sait quand même parler.
Ce qui est le plus notable chez elle, peut-être, c'est sa difficulté à exprimer ses émotions ou ses sentiments, allié à sa difficulté à mémoriser les choses. Le cerveau est, normalement, programmé pour effacer les évènements au fur et à mesure. cependant, avec elle, ce fur et à mesure est plus proche de la continuité. Tête en l'air et maladroite en plus, elle peut faire des dégâts par jours de pluie, malgré le fait qu'elle aime ce temps... Cependant, tout comme la pluie légère et éparse, elle a vite tendance à s'échapper dans ses pensées, à l'abri de la réalité si on veut...
Parfois, elle peut suffisamment s'en éloigner pour adopter un mental un peu différent, un peu plus distant de la fille qu'elle est... Un caractère pouvant être lunatique, où elle serait beaucoup plus direct -que ce soit par le geste ou la parole...

Peut-être était-ce dans la journée, peut-être était-ce dans la soirée… A vrai dire, je ne saurai le dire… Il faisait sombre en tout cas, ce jour là. Un jour pluvieux, et à force de solitude, j’en avais perdu la notion du temps qu’aurait commencé à avoir un enfant de mon âge.
Ou plutôt, une enfant… Le jour était peut-être un Lundi, ou un Jeudi.. Mais en tout cas, une chose était sure. C’était ces quelques mots… « Suis moi, si tu es seule, petite… ». Je l’avais suivit, comme une fillette de 7 ans qui n’avait aucun foyer, aucune attache. Et qui n’aurait que demandé à en avoir une. Aussi, lorsque dans les ténèbres de mon isolement, là où ma famille avait disparut, ainsi que tous les amis… Là où l’odeur de souffre, de bois brûlé se mêlait à celle de la pluie… Voir une main tendue, alors qu’un village entier avait été rasé quelques jours avant… Que faire d’autre, si ce n’est s’ouvrir à l’espoir de vivre mieux ? Ce serait toujours mieux que vivre quelques jours ici, en attendant la faucheuse… Enfin, ce sont des notions trop complexes pour la petite fille que j’étais. Tout ce que je sais, c’est qu’on a voyagé un moment avant d’arriver dans une ville toute d’acier, qui semblait plus sinistre et recluse qu’autre chose… Mais ça ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Tout ce que j’avais apprit de cet homme, c’est qu’il s’appelait… Pas Ryusuke mais... Ryûsaki. Un nom peut-être trop compliqué à prononcer pour l’âge, mais qui à force devint facile à apprendre.

Et c’est vers cette période que je découvrais la fameuse guilde Oscurcia Nirvana. Pas très rassurante me direz-vous, mais c’est une guilde noire en même temps… Même si certains des membres pouvaient être accueillants et amusants. On me demandait si je savais utiliser la magie, si j’avais un don quelconque. Face à autant d’intérêt, je me montrais désarçonnée, mais je répondais comme je le pouvais pendant un temps, avant qu’un membre me prenne sous son aile, lui-même étant affilié à l’élément que je pouvais utiliser : la foudre. Peut-être était-il l’un des meilleurs manipulateur de cet élément dans la guilde, et le fait qu’il puisse éduquer quelqu’un à cet élément semblait le contenter, même s’il devait fréquemment partir dans des missions. Pendant ces périodes, la guilde me paraissait un peu plus renfermée sur elle-même, ne discutant que parfois avec le maître pour savoir quels types de missions il faudrait que je fasse. Mais il avait décidé de m’endurcir un peu avant cela… Vous voyez une gamine de 7 ans assassiner ou capturer un riche aristocrate ou autre, vous ?
Cependant, avant cela, j’avais lut un certain livre… L’âme de la guilde, si l’on veut. Les enseignements d’une déesse, histoire, ou plutôt un conte. Le conte d’une femme qui s’était élevée au rang de déesse, Nirvana… Je n’étais pas tellement obnubilée par ce récit, mais il était obligatoire de prendre connaissance de ces écrits, car ils sont la ligne à suivre de la guilde, celle où l’on essaye de devenir des Dieux… Mais cette quête de pouvoir semblait être mal vue par les autres guildes et par le conseil, qui avaient décidés de bannir la guilde, qui était devenue une guilde noire. Et la plus sombre de toutes… Peut-être cet environnement avait fait tourner de façon étrange la fille que j’étais. En tout cas, quelques années plus tard, je participais également à ces missions peu sympathiques, des ordres donnés dans l’ombre, ne semant que la discorde et la souffrance… Mais même dans cette idée, c’était ici qu’était mon foyer. C’était ici que j’étais, que ma place était, car j’avais décidé de moi-même d’y vivre. Qu’importe s’il fallait faire du mal… Il y avait une place et une famille, si l’on peut dire. Avec une mère plus spirituelle que vivante, mais que tous croient. L’esprit de la guilde pourrait être Nirvana, qui veille sur chacun… Prodiguant ses paroles à ceux qui veulent y croire. Mais une autre chose nous reliait entre nous, entre chaque membre : nous étions tous des orphelins. Certains, à ce que j’ai put entendre, l’avaient toujours été. D’autre, comme pour mon cas, ont vu leur famille, leur village, rasés par des brigands ou des mercenaires quelconques, payés pour éliminer tout le monde… D’une certaine façon, certains d’entre nous ne pouvaient compter que sur leur chance pour être en vie, pour se retrouver ici.

Un certain évènement arriva lors de mes 12 ans… 5 ans après mon entrée à la guilde. Lors d’une mission avec celui qui était mon mentor. Ni plus ni moins que sa mort… Une anicroche avec une guilde officielle entraina un combat d’une certaine violence, dans laquelle il périt, non sans avoir emmené avec lui ses opposants dans un ultime sort. Cet évènement était encore dans les mémoires de certaines personnes, un éclair terrifiant qui avait marqué le sol là où avait été lancé le sort. Etant la seule rescapée de notre équipe, je ressortais de cette expérience en étant différente. Peut-être… Un peu de haine envers la guilde qui avait fait que mon maître s’était éteint. Et je devenais par moment un peu plus sombre, m’approchant un peu plus de la mentalité que devait avoir une guilde noire… Mais encore loin de celle qu’avait l’ancienne Nirvana, loin de celle qui désirait voir le sang pour le plaisir.
Si l’on revenait dans le passé, 2 ans plus tôt, un évènement marqua le monde. La disparition des dragons. Un fait divers pour certain, mais le fait que quelques personnes aient également perdu leur maitre m’atteignit, lorsque le mien disparut. Cependant, les enseignements d’un maître perdurent. 5 nouvelles années s’écoulèrent, pendant lesquels je continuais la route qu’il m’avait tracé dans la maitrise de mon élément, ne voulant lui faire honte. Âgée de 17 ans maintenant, je continuais à trainer dans la guilde, devant le panneau ou juste à flâner car c’était dans ma nature…